Les sports d'hiver libres

Vous pouvez éviter de lire le texte et aller directement à la vidéo, mais les liens ci-bas vous donnent les références.

 

Selon la croyance populaire, l'hiver serait un élément fondamental de la culture québécoise. Avant de voir comment les Québécois profitent de l'hiver, voyons ce qu'il en est ailleurs.

Minneapolis, la métropole du Minnesota, est à peu près à la même latitude nord que Montréal. Duluth, la deuxième plus grande ville de l'Etat, se situe à la même latitude que Québec mais est 2 fois moins populeuse. L'hiver à Duluth est aussi froid qu'à Québec et reçoit à peu près autant précipitations neigeuses.
Donc, le Minnesota est un très beau terrain de jeux l'hiver, et pour plusieurs autres raisons.


Tout d'abord, la "Great Minnesota ski pass" est le ticket unique pour près de 3,000 km de pistes de ski de fond, soit la distance de Minneapolis à Los Angeles comme on se plaît à dire. Cette carte annuelle à $26 n'est pas requise pour les 15 ans et moins et 65 ans et plus.  24% de ces pistes sont dans les State Parks, 1% dans les State Forests, 3% comme State Trails, mais surtout, 73% dans les réseaux qu'on appelle "Grants-in-aid", ces réseaux de sentiers locaux financés par les ventes de la Great Minnesota ski pass.
Cette passe annuelle ne cache pas de surprises de stationnement ou autres frais d'accès à part dans les State Parks. Les State Parks ne représente que 2% des terres publiques. Faut bien spécifier ici que les State Parks sont en général pas aussi grand que les parcs provinciaux du Québec, et ils attirent surtout les gens qui exigent beaucoup d'infrastructures et d'encadrement. Le coût annuel d'accès est $43 canadien par véhicule peu importe le nombre d'occupants, bon pour tous les State Parks et il n'y a pas de frais d'accès si on entre dans les State Parks autrement qu'en véhicule.
Pour les réseaux Grants-in-aid, en voici un exemple, dans le comté de Cook dans le nord-est de l'état avec plus de 300 km de pistes tracées sans frais supplémentaires à la Great Minnesota ski pass. Comme sur les 77 km de sentiers de la Sugerbush Trail Association avec des abris le long des parcours. Ces réseaux sont parfois inter-reliés entre eux, comme dans cette région avec vue sur le lac Supérieur.
Comme si ce n'était pas assez, il y a aussi des terres fédérales où la passe annuelle de l'État n'est pas requise, donc du ski de fond gratuit dans la  Chippewa National Forest, 460 km de sentiers balisés non tracés, accès libre, comme toute les National Forests aux États-Unis.
Une autre terre fédérale à accès totalement libre est le Parc National Voyageurs. En effet, près de 70% des parcs nationaux et espaces de loisirs fédéraux sont libres d'accès et le seul parc national du Minnesota, le Parc National Voyageurs fait partie de ceux là, il fait une fois et demie la superficie du parc de la Mauricie. On y fait du ski de fond balisé non tracé sur 50 km gratuitement.
On dit qu'au total le Minnesota aurait plus de 4,000 km de sentiers de ski de fond.

L'État voisin, le Wisconsin a une formule très semblable,  avec une passe annuelle unique pour tout l'État excluant les terres fédérales, dont les National Forests qui sont d'accès libre, c'est à dire gratuit.

Le Québec réel et concret, potentiellement à la portée des gens qui y habitent, c'est moins grand qu'on s'imagine, ça fait partie du mythe. D'abord 90% du territoire est inhabitable. Si on tient compte du territoire privé, il ne reste pas beaucoup d'espace commun à distance raisonnable du milieu de vie.

La Sépaq, cette Société d'État qui gère une bonne partie des terres publiques, offre 450 km de sentiers de ski de fonds entretenus.
L'abonnement de saison pour les sentiers de la Sépaq coûte $206 taxes incluses auquel faut ajouter le coût de la carte annuelle d'accès aux parcs $76,50,pour un total de $282.56. Cela donne droit à 7 centres de ski de fond, bien qu'il y a aussi des sentiers tracés dans la réserve Portneuf, ceux-ci sont réservés aux forfaits en hébergement.
Le reste des sentiers de ski de fond au Québec se réparti pour l'essentiel, dans de petits parcs régionaux dont voici quelques exemples dans les Laurentides.
Le Parc régional Val-David-Val-Morin, 53 km de sentiers qui s'entrecroisent sur un espace de 5 km², $120/an.
Le Parc du Domaine Vert, espace de 6 km² avec 30 km de sentiers $121/an.
Une belle offre, dans les normes du Québec, par Plein Air St-Adolphe. 64 km pour $80/an.
Centre de ski de fond Gai-Luron, 27 km entrelacés pour $185.
Alors, arrivons aux comparaisons avec le Minnesota et, par extension approximative avec le nord des États-Unis.
Donc, en résumé la Great Minnesota ski pass donne droit à 3,000 km de ski de fond tracé pour $26 par an, soit moins que ¢1 du km.
Au Québec, c'est l'abonnement à la Sépaq qui donne accès à plus de sentiers, soit 450 km pour $282, pour un coût de ¢63 du km, ou plus exactement 65 fois plus cher qu'au Minnesota. Pour les parcs régionaux des Laurentides, l'écart est encore plus grand, variant de $1.25 à $5.93 du km soit jusqu'à des centaines de fois le coût pour la pratique du ski de fond par rapport au Minnesota.
Ces chiffres semblent surréalistes, et bien que je m'attendais à un grand écart, c'est après multiples contre-vérifications que j'ai dû me rendre à l'évidence.
Ça ne peut s'expliquer par le nombre de cotisants puisque le Minnesota ne compte que 5,300,000 d'habitants.

Allons maintenant en France.

Disons d'abord que les Parcs Naturels Régionaux sont de grands espaces sauvages, plus grands que les parcs nationaux du Québec, ils sont habités par de petits villages, truffés de sentiers de randonnée libres d'accès. Les parcs nationaux eux sont généralement inhabités, également libres d'accès. L'aire urbaine de Grenoble compte environ 500,000 habitants, moins que l'agglomération de Québec qui fait 800,000. Du centre-ville de Grenoble, après 15 km sud-ouest et plus de 1000 mètres de dénivelé, on arrive sur le plateau du Vercors, une fois et demie plus grand que le parc Mont-Tremblant au Québec. C'est un des parcs naturel régional près de Grenoble. Le ski balisé non tracé est gratuit, comme au départ du parking du Beurre. Ils y a plusieurs itinéraires pour le GTV, la Grande Traversé du Vercors. C'est comme les Monts Chic-Chocs en banlieue de Grenoble.
Aussi près de la ville côté nord, le parc naturel régional de Chartreuse, un beau massif semblable au Vercors, autre beau terrain de jeux librement accessible.  Sans compter le Parc National des Écrins à 45 km de la ville, encore plus impressionnant par l'altitude,  librement accessible comme tous les parcs nationaux de France.

Vous croyez que le Québec est la Mecque pour la randonnée en motoneige, et bien détrompez-vous, c'est un autre mythe. Le Minnesota compte environ 35,000 km de sentiers de motoneige, soit plus que tout le Québec qui en a 33,500.
Au Québec les droits d'accès aux sentiers sont $315/an incluant $64 pour les assurances, faut ajouter $93 pour l'immatriculation. Total de $408.
Au Minnesota, l'immatriculation inclut les droits d'accès aux sentiers, $105 pour 3 ans, donc $35/an. L'assurance est laissé au gré de l'usager et le coût est semblable au Québec, donc on ajoute $64 pour un total d'environ $100/an.
C'est donc 4 fois plus onéreux pratiquer la motoneige au Québec par rapport au Minnesota.


Proximité de Marseille

Cette fois faut lire le texte avant de visualiser le vidéo

 

Chanceux les Marseillais comme bien d'autres, il ont les Calanques aux portes de la ville, 85 km² de montagnes à distance de marche du centre-ville, pas de "Sépaq", pas de guérite, accès libre comme à peu près tout territoire public en Europe. Rien à comparer avec les les Îles de Boucherville (8 km²) aux portes de Montréal, qui, de plus, l'accès est contrôlée par notre chère Sépaq. La France a officialisé Les Calanques en parc national en 2012 (tous les parcs nationaux en Europe sont d'accès gratuit), c'est une formalité puisque cet espace était jalousement gardé d'appropriations privées depuis longtemps par la pression populaire. À distance comparable de la ville, c'est comme si nous avions le tiers de l'île de Laval,  inhabitée, librement accessible, avec 57 km de côtes sauvages découpées sur la Méditerranée, c'est plus grand que le Parc du Mont Orford. Bien sûr que le contexte topographique n'est pas le même, reste que le Québec est bien mal placé pour faire de la surenchère de son territoire de proximité tout en brimant la qualité de vie des québécois. Lorsqu'on parle des grands espaces du Québec, ça dit quoi au juste dans la réalité quotidienne? Voilà Le Mythe

IMPORTANT POUR COMPRENDRE
Notez que dans ce vidéo on parle des cohérences de gestion entre propriétaires privés, faut se mettre en contexte avec les normes françaises alors que c'est un point mineur là-bas comparé au Québec, comme exemple, l'archipel totale de Riou face aux Calanques est territoire publique acheté en 1892 !! par l'état, alors que la plus GRANDE île de l'archipel de Kamouraska à 400 km de Montréal est privée et plus petite que la plus grande Île de Riou. En fait, la plupart des îles de l'archipel sont privées, les autres sont protégées, feux interdits et accès limité. Aujourd'hui il serait insensé d'exproprier une de ces îles à prix spéculatif. De là, l'évidence du manque de vision face à l'aménagement du territoire au Québec.



Détournement de fonds.. dans un lac

Un exemple typique de fonds publics servant une minorité de propriétaires riverains


Déjà que la Sépaq gère tout l'accès terrestre du fjord du Saguenay sur 80 km, c-à-d toute la côte hors des 3 petits villages cloisonnés jusqu'à pas loin de La Baie près de la ville de Saguenay (anciennement Chicoutimi). De plus, la Sépaq a bien tenté d'étendre son contrôle jusqu'au secteur des Dunes de Tadoussac et les sentiers environnants mais la configuration du terrain et le morcellement avec les terres privées rendait le contrôle des frais d'accès difficile autour du village de Tadoussac, le bâtiment "d'accueil" des dunes est maintenant fermé, l'accès est libre par défaut dans ce secteur. Mais le "bout du bout" comme dit une intervenante dans ce documentaire, c'est que la municipalité de Tadoussac a adopté une résolution qui lui permettait de signer un bail de location avec l’entreprise Croisières AML. Les détails du bail stipulent que la compagnie détient désormais l’accès exclusif au quai de la municipalité pour une période de 10 ans, à raison de 100 000$ par année. Bien entendu, l’entente contient une possibilité de reconduite.
Suite à cette entente, les autres compagnies de tourisme maritime devront procéder à l’embarquement des plaisanciers à partir de la plage ou d’autres points d’embarquement. Cette situation restreint dès lors l’accessibilité aux autres entreprises locales, en dehors de Croisières AML, en plus d’augmenter les risques d’accidents et de bris d’équipement. Bref, sans lois pour l’accès commun au territoire au Québec comme dans tous pays civilisés et même moins, ce débat n'aurait pas lieu...


Comparaison entre deux villes d'eau. Cette disparité avec Montréal se constate pas seulement à Chicago, ce n'est qu'un exemple.